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vendredi 19 janvier 2018

L'argument économique

L’argument économique

Le service d’oncologie existe déjà à l’HDSJSQ. Il est donné par une infirmière qui offre d’autres services médicaux dans un quart de travail. Il est proposé qu’une infirmière basée à Edmundston donnerait un service itinérant. Pour ce faire, non moins de 120K$ devront être ajoutés au budget pour remplacer un service existant qui ne requiert aucun argent supplémentaire. Un tel montant devrait être alloué pour améliorer ou créer un service et non pour en remplacer un qui est reconnu comme satisfaisant.

En enlevant le service d’oncologie tel que livré par les infirmières de l’HDSJSQ, on diminue le ratio infirmières-patients : moins de patients pour le même nombre d’infirmières. Il pourra alors s’agir d’un pas vers l’élimination d’un poste d’infirmière, en bout de ligne.

L’offre du Gouvernement a été perçue par plusieurs comme un tout nouveau service, comme si ce service n’existait pas.

L’argument professionnel
Pour maintenir et accroître la qualité générale des soins hospitaliers, on doit maintenir et agrandir l’éventail des maladies qu’on y traite, et non le réduire. Le perfectionnement professionnel s’acquiert sur les bancs d’école, mais davantage sur le marché du travail. Il est logique de s’assurer que l’hôpital soit apte à traiter le plus grand nombre de cas médicaux et qu’ils soient variés, par surcroît.

Dans le cas du service d’oncologie, il faudrait être drôlement futé pour démontrer que ce service est trop complexe pour une infirmière généraliste et qu’une infirmière spécialiste est requise. Il ne s’agit tout de même pas ici de faire des chirurgies cardiaques.

Maintenir des médecins en région
Toutes les régions se battent depuis belle lurette pour attirer et retenir leurs médecins qui ont plutôt tendance à vouloir s’établir dans les grands centres. Un moyen pour les retenir, c’est de leur offrir des défis, surtout des responsabilités qui leur permettent de parfaire leur compétence. Chaque service qu’on ampute dans un hôpital augmente la tentation des médecins de pratiquer leur profession ailleurs. Se sentir apprécier par une population pourrait inciter des médecins à rester. La médecine de campagne peut être plus accrocheuse qu’on le croit.

Un pilier à la fois
Un hôpital repose sur des piliers qui sont, en définitive, des services médicaux. Chaque service qu’on ampute agit comme si on enlevait un pilier. Il faut être naîf pour ne pas voir la stratégie à long terme du Gouvernement, soit de fermer les hôpitaux région ou les transformer en un service de dépannage.

L’isolement d’une population
Les coûts de tous les services au Canada sont élevés à cause de l’éparpillement de la population. En fait, ce n’est pas seulement parce que la population est dispersée, mais aussi parce qu’elle n’est pas nombreuse en région. Le Canada, ce n’est pas la Chine. La question se pose partout et toujours à savoir si un service centralisé est plus économique que plusieurs petits services locaux ayant la même vocation. En général, c’est la distance à parcourir qui tranche cette question.

La région de Saint-Quentin+Kedgwick ressemble étrangement à une île éloignée. Il doit donc exister dans de tels endroits des services de base qui évitent à la population des sévices et des dangers significatifs. Il est impératif de couler dans le béton l’éventail de services essentiels et intouchables qui doivent exister dans cette région, ce qui exige une décision politique.

L’économie de la région
Couper des services hospitaliers serait justifier si l’économie de la région battait de l’aile. Bien au contraire, les entreprises existantes peine à trouver la main-d’oeuvre pour se développer. Cette région n’est pas en train d’agoniser : de nombreux projets vont bientôt voir le jour visant à améliorer la qualité de vie et à transformer les ressources forestières renouvlables abondantes.

Rarement on mentionne que les produits de cette région sont surtout exportés dans d’autres pays, ce qui contribue à remplir les coffres de la Province avec de l’argent neuf. Étouffer l’HDSJSQ est un bien mauvais calcul économique.

Un remède pire que la maladie
L’HDSJSQ a perdu plusieurs services au fil du temps. Pour chacune de ces pertes, les résidents sont contraints de se rendre dans les hôpitaux régionaux pour recevoir ces services. Ils doivent donc prendre des risques plus grands que ceux qui demeurent dans les grands centres.

Ce n’est pas tout. À cause des distances à parcourir, ils encourent plus de dépenses qui, somme toute, représentent un montant annuel significatif. Ceux qui demeurent dans l’environnement immédiat d’un hôpital régional n’ont pas à débourser de leur argent pour recevoir des soins de santé. Il y a là une situation discriminatoire. Bref, les résidents en région sont pénalisés bien malgré eux.

Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou
Ailleurs dans la province, des petits hôpitaux offrent plus de services qu’à l’HDSJSQ, pourtant ils sont situés à distance équivalente de leur hôpital régional. Le Gouvernement réalise-t-il qu’il est en train d’appliquer une stratégie qu’on peut d’emblée qualifier de deux poids deux mesures?

Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir une loi pour protéger un service essentiel : le gros bon sens suffit dans la plupart des cas.

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