L’argument
économique
Le service
d’oncologie existe déjà à l’HDSJSQ. Il est donné par une infirmière qui offre
d’autres services médicaux dans un quart de travail. Il est proposé qu’une
infirmière basée à Edmundston donnerait un service itinérant. Pour ce faire,
non moins de 120K$ devront être ajoutés au budget pour remplacer un service
existant qui ne requiert aucun argent supplémentaire. Un tel montant devrait
être alloué pour améliorer ou créer un service et non pour en remplacer un qui
est reconnu comme satisfaisant.
En enlevant
le service d’oncologie tel que livré par les infirmières de l’HDSJSQ, on
diminue le ratio infirmières-patients : moins de patients pour le même
nombre d’infirmières. Il pourra alors s’agir d’un pas vers l’élimination d’un
poste d’infirmière, en bout de ligne.
L’offre du
Gouvernement a été perçue par plusieurs comme un tout nouveau service, comme si
ce service n’existait pas.
L’argument
professionnel
Pour
maintenir et accroître la qualité générale des soins hospitaliers, on doit
maintenir et agrandir l’éventail des maladies qu’on y traite, et non le
réduire. Le perfectionnement professionnel s’acquiert sur les bancs d’école,
mais davantage sur le marché du travail. Il est logique de s’assurer que
l’hôpital soit apte à traiter le plus grand nombre de cas médicaux et qu’ils
soient variés, par surcroît.
Dans le cas
du service d’oncologie, il faudrait être drôlement futé pour démontrer que ce
service est trop complexe pour une infirmière généraliste et qu’une infirmière
spécialiste est requise. Il ne s’agit tout de même pas ici de faire des
chirurgies cardiaques.
Maintenir
des médecins en région
Toutes les
régions se battent depuis belle lurette pour attirer et retenir leurs médecins
qui ont plutôt tendance à vouloir s’établir dans les grands centres. Un moyen
pour les retenir, c’est de leur offrir des défis, surtout des responsabilités
qui leur permettent de parfaire leur compétence. Chaque service qu’on ampute
dans un hôpital augmente la tentation des médecins de pratiquer leur profession
ailleurs. Se sentir apprécier par une population pourrait inciter des médecins
à rester. La médecine de campagne peut être plus accrocheuse qu’on le croit.
Un pilier à
la fois
Un hôpital
repose sur des piliers qui sont, en définitive, des services médicaux. Chaque
service qu’on ampute agit comme si on enlevait un pilier. Il faut être naîf
pour ne pas voir la stratégie à long terme du Gouvernement, soit de fermer les
hôpitaux région ou les transformer en un service de dépannage.
L’isolement
d’une population
Les coûts de
tous les services au Canada sont élevés à cause de l’éparpillement de la
population. En fait, ce n’est pas seulement parce que la population est
dispersée, mais aussi parce qu’elle n’est pas nombreuse en région. Le Canada,
ce n’est pas la Chine. La question se pose partout et toujours à savoir si un
service centralisé est plus économique que plusieurs petits services locaux
ayant la même vocation. En général, c’est la distance à parcourir qui tranche
cette question.
La région de
Saint-Quentin+Kedgwick ressemble étrangement à une île éloignée. Il doit donc
exister dans de tels endroits des services de base qui évitent à la population
des sévices et des dangers significatifs. Il est impératif de couler dans le
béton l’éventail de services essentiels et intouchables qui doivent exister
dans cette région, ce qui exige une décision politique.
L’économie
de la région
Couper des
services hospitaliers serait justifier si l’économie de la région battait de
l’aile. Bien au contraire, les entreprises existantes peine à trouver la
main-d’oeuvre pour se développer. Cette région n’est pas en train
d’agoniser : de nombreux projets vont bientôt voir le jour visant à
améliorer la qualité de vie et à transformer les ressources forestières
renouvlables abondantes.
Rarement on
mentionne que les produits de cette région sont surtout exportés dans d’autres
pays, ce qui contribue à remplir les coffres de la Province avec de l’argent
neuf. Étouffer l’HDSJSQ est un bien mauvais calcul économique.
Un remède
pire que la maladie
L’HDSJSQ a
perdu plusieurs services au fil du temps. Pour chacune de ces pertes, les
résidents sont contraints de se rendre dans les hôpitaux régionaux pour
recevoir ces services. Ils doivent donc prendre des risques plus grands que
ceux qui demeurent dans les grands centres.
Ce n’est pas
tout. À cause des distances à parcourir, ils encourent plus de dépenses qui,
somme toute, représentent un montant annuel significatif. Ceux qui demeurent
dans l’environnement immédiat d’un hôpital régional n’ont pas à débourser de
leur argent pour recevoir des soins de santé. Il y a là une situation
discriminatoire. Bref, les résidents en région sont pénalisés bien malgré eux.
Ce qui est
bon pour pitou est bon pour minou
Ailleurs
dans la province, des petits hôpitaux offrent plus de services qu’à l’HDSJSQ,
pourtant ils sont situés à distance équivalente de leur hôpital régional. Le
Gouvernement réalise-t-il qu’il est en train d’appliquer une stratégie qu’on
peut d’emblée qualifier de deux
poids deux mesures?
Il n’est pas
toujours nécessaire d’avoir une loi pour protéger un service essentiel :
le gros bon sens suffit dans la plupart des cas.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire