1. La
population de Saint-Quentin-Kedgwick est choquée de constater que ses services
hospitaliers tombent l’un après l’autre, en même temps que les hôpitaux
anglophones similaires conservent les leurs. Sans accuser le gouvernement
actuel, c’est à lui de prendre le crachoir et de fournir les explications
valables de cet état de fait, sinon on pourra crier à la discrimination sur
toutes les tribunes sans crainte de représailles.
2. La
centralisation dans les services de santé semble en être la principale cause.
3. Il y a un
exercice comptable à effectuer pour démontrer qu’un service centralisé débouche
sur des économies substantielles. Si c’est évident pour certains services,
c’est loin de l’être pour d’autres. Lorsque le dirigeant de VitalitéNB
rencontrera le Comité permanent, je lui recommande de ne pas oublier d’apporter
sa calculatrice.
4. Plus on
centralise un service, moins le gouvernement dépense pour le livrer, mais plus
les citoyens dépensent pour l’obtenir. Serait-ce économique d’avoir dans une
région un seul endroit pour se procurer du pain? C’est pourtant ce que le
gouvernement envisage en appliquant à outrance la centralisation.
5. Pour
plusieurs services, la centralisation est toute désignée. C’est la meilleure
façon de créer et de maintenir un service universel. C’est à cause du manque de
ressources humaines et des coûts qu’on ne trouve pas une salle de chirurgie
élaborée dans un petit hôpital. Personne n’est contre la centralisation, pas
plus que personne n’est contre la vertu. La centralisation est là pour rester,
mais dans les cas où, par consensus social, il y a une nécessité absolue.
6. Un
service est viable dans un hôpital s’il peut être donné sans que le personnel
attitré ne perde du temps entre les visites de patients. Donc, plus la
population est nombreuse dans une localité, plus le service peut être donné
sans que le personnel se tourne les pouces entre les visites. Mais, les petits
hôpitaux ont inventé une «formule magique» dans un tel cas : une infirmière
rend un éventail de services au lieu d’un seul service comme dans un hôpital
régional. Qui a démontré qu’une infirmière spécialisée est plus économique
qu’une infirmière généraliste?
7. Depuis
des lunes, la région fait des pieds et des mains pour expliquer qu’il ne s’agit
pas d’une banlieue abritant une population homogène en bordure d’une ville, un
dortoir, mais d’un territoire où l’on trouve des industries lourdes, un
éventail de commerces, une panoplie d’institutions et des conditions de vie propres
aux accidents. La population est hétérogène à maints égards. Cette constatation
est cruciale pour justifier un statut particulier pour l’HDSJSQ
(Hôtel-Dieu-Saint-Joseph-de-Saint-Quentin).
8. À cause
de cette hétérogénéité de la région, il est nécessaire de maintenir un ensemble
de services de base intouchables. Ainsi, Madame Nicole St-Pierre-Somers,
mairesse de Saint-Quentin, parle d’un statut particulier. Je me souviens bien
de deux autres citoyens qui parlaient dans les mêmes termes il y a trois décennies,
le Dr. Bernard Savoie & le juge Louis A. Lebel. Force est de réaliser que
nos gouvernements ont la tête dure et pas à peu près non plus.
9. Un statut
particulier pour l’HDSJSQ ne signifie pas que les hôpitaux régionaux seront
amputés d’un service centralisé. Je mets au défi le ministre de la Santé de
faire cette équation. Par exemple, l’hôpital régional d’Edmundston n’a pas
perdu son service d’oncologie parce qu’il en existe déjà un à Grand-Sault et un
autre à Saint-Quentin. Je mets aussi au défi le ministre de démontrer que ce
service dans les trois hôpitaux occasionne des coûts exhorbitants et qu’il y a
une nécessité urgente de centralisation pour éviter des dépenses inutiles et
extravagantes.
10.
Puisqu’on a maintenu dans les hôpitaux anglophones des services qu’on a jugés
bon d’éliminer dans les hôpitaux francophones, le ministère de la Santé s’est
tiré dans le pied. En maintenant des services dans des petits hôpitaux
anglophones, mêmes près d’un grand hôpital régional, il avoue que cette stratégie
est économiquement et socialement viable. Donc, ce qui est bon pour pitou
devrait être bon pour minou, n’est-ce pas? À moins qu’il y ait deux classes de
citoyens au NB.
11. La
centralisation appliquée depuis belle lurette est basée sur la densité de la
population. Fredericton, par exemple, a droit à tous les genres de services
imaginables parce que le nombre d’habitants le permet. Cette formule magique ne
s’applique pas aux communautés rurales, cependant. À l’inverse, une communauté
rurale ne peut bénéficier des mêmes services qu’une ville. Entre les deux
extrêmes, il y a place pour un concept intermédiaire basé sur la nécessité de
services essentiels pour répondre plus adéquatement aux besoins de santé. C’est
ici qu’on rencontre un noeud dur...
12. Que doit
comprendre la définition opérationnelle dite de «services essentiels» qui mène
irrémédiablement vers l’idée d’un statut particulier dans le cas de l’HDSJSQ?
Certes, avant de couler dans le béton une telle définition, plusieurs facteurs
devront être pris en considération, dont la densité de la population. Mais,
d’autres facteurs méritent une attention particulière dont la distance à
parcourir pour se rendre à l’hôpital régional ainsi que l’hétérogénéité de la
population. Et il y en a plusieurs autres...
13. Ce
statut particulier ne peut se négocier entre la région de
Saint-Quentin-Kedgwick en faisant fie des hôpitaux régionaux. Tiens, c’est
nouveau ça! Une table ronde avec les deux hôpitaux d’Edmundston &
Campbellton me semble nécessaire pour parvenir à un contrat social équitable et
approprié pour ces trois partenaires. Soyons réalistes, il existe UNE
INTERDÉPENDANCE ENTRE CES TROIS INSTITUTIONS. L’HDSJSQ ne peut se limiter à
négocier en catimini une entente avec VitalitéNB qui offenserait ses partenaires
et nuirait à la fluidité actuelle de leurs relations.
14. Enfin,
la solution qui sera apportée devra être permanente nonobstant le parti
politique au pouvoir. Les bonbons distribués en période électorale pour calmer
les esprits échaudés, il faut s’en méfier.
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