Fermer un hôpital

La recette-maison pour fermer un hôpital

Jour après jour, j’apprends de bonnes sources comment fermer un hôpital. Moi qui pensais impressionner mes petites-filles avec ma recette-maison de pain aux bananes, je dois admettre que j’ai des croûtes à manger avant de rivaliser avec les fonctionnaires de Fredericton.

1. Créer de l’INSÉCURITÉ chez les patient.e.s.
Lorsqu’une patiente se présente à l’hôpital, elle apprend que, en l’ABSENCE d’une technologiste de laboratoire, on devra expédier par taxi son prélèvement sanguin dans un autre hôpital à 100km et qu’on espère recevoir les résultats avant la tombée de la nuit....ou avant qu’elle tombe raide morte.

2. Augmenter le niveau de RISQUE
Le patient finit par hésiter entre se déplacer à toute vitesse vers l’hôpital régional ou rester sur place en se demandant si les services dont il aura besoin existent à son hôpital à deux coins de rue. D’une coupure de services à l’autre, les résidents considèrent maintenant comme un risque de se faire soigner sur place, ce qui les SÉCURISAIT auparavant. Le patient hésite entre mourir au volant ou mourir d’impatience dans la salle d’attente.

3. Un service à l’auto
Les spécialistes des hôpitaux régionaux peuvent vous RECEVOIR pratiquement à votre arrivée, comme on le fait chez McDo. Ou bien, vous pouvez attendre le spécialiste à votre hôpital local au courant de la semaine.....sans préciser quelle semaine.

4. Plus gros, c’est mieux
Ces gros édifices que sont les hôpitaux régionaux nous impressionnent. On assume que plus c’est gros, MEILLEUR est la qualité du service et le produit final est toujours de qualité supérieure. En preuve, nous venons de le constater avec......le magasin Sears.

5. Un attrape-nigauds
Dans les hôpitaux régionaux qui regroupent tous les spécialistes, on LEURRE les patients en les envoyant d’un bureau à l’autre, d’un spécialiste à l’autre. Ça donne vraiment l’impression qu’on vous en donne plus que pour votre argent. Ce sont PLUTÔT les spécialistes qui en ont plus que pour leur argent. Ben voyons donc! Un vieux truc que nous connaissons tous. Mais, qui oserait se plaindre lorsque ce n’est pas nous qui payons la facture, mais le gouvernement. Et le gouvernement, c’est qui au juste? Un vieux riche de Fredericton, à ce qu’on m’a dit......

6. Un service 5 sur 7 et un service 8 sur 24
Les fins de semaine, on ferme l’hôpital, et en soirée aussi. Comme des résident.e.s ont la tête dure et qu’ils ne peuvent apprendre à être malades à l’intérieur de la CÉDULE de l’hôpital local, ils doivent se rendre à l’hôpital régional en dehors de ces heures. En moins de deux, ils finissent par s’y HABITUER, surtout que les fins de semaine on profite des heures d’ouverture du......Walmart.

7. Chez-nous, ça coûte trop cher
Lorsqu’on élimine du menu de l’hôpital un service, on assume que ce service coûtait trop cher et que cette décision est au bénéfice du patient, du payeur de taxes. On LAISSE CROIRE que ce service peut être obtenu à moindre coût dans les grands hôpitaux dont la vocation est aussi de réduire les coûts par visite. On se fie aux décisions de ces experts du ministère de la Santé à qui on ne demande jamais la PREUVE que la centralisation est moins cher. Ils le disent, donc, ça doit être vrai.

Une amie me racontait dimanche dernier s’être retrouvée chez un concessionnaire d’autos à Sackville. Elle était étonnée de constater que tous les clients dans la salle d’attente provenaient de la grande ville de Moncton. On n’est pas aussi niaiseux que les fonctionnaires le croient...

8. Goutte à goutte
Aucun politicien sensé ne va mettre la clé sur la porte d’un hôpital. Ce serait suicidaire de sa part. Il vaut mieux enlever un PILIER à la fois sous l’hôpital et attendre qu’il s’écroule sous son propre poids. Ces piliers sont surtout le laboratoire et sa technologiste, la pharmacie et le Rayon-X. On s’attend d’une année à l’autre à une IMPLOSION de l’HDSJSQ, à moins qu’il ne se produise dans la population......une EXPLOSION de solidarité.