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dimanche 25 février 2018

Statut particulier

Nos gouvernements ont la tête dure 
et pas à peu près non plus!

1.    La population de Saint-Quentin-Kedgwick est choquée de constater que ses services hospitaliers tombent l’un après l’autre, en même temps que les hôpitaux anglophones similaires conservent les leurs. Sans accuser le gouvernement actuel, c’est à lui de prendre le crachoir et de fournir les explications valables de cet état de fait, sinon on pourra crier à la discrimination sur toutes les tribunes sans crainte de représailles.

2.    La centralisation dans les services de santé semble en être la principale cause.

3.    Il y a un exercice comptable à effectuer pour démontrer qu’un service centralisé débouche sur des économies substantielles. Si c’est évident pour certains services, c’est loin de l’être pour d’autres. Lorsque le dirigeant de VitalitéNB rencontrera le Comité permanent, je lui recommande de ne pas oublier d’apporter sa calculatrice.

4.    Plus on centralise un service, moins le gouvernement dépense pour le livrer, mais plus les citoyens dépensent pour l’obtenir. Serait-ce économique d’avoir dans une région un seul endroit pour se procurer du pain? C’est pourtant ce que le gouvernement envisage en appliquant à outrance la centralisation.

5.    Pour plusieurs services, la centralisation est toute désignée. C’est la meilleure façon de créer et de maintenir un service universel. C’est à cause du manque de ressources humaines et des coûts qu’on ne trouve pas une salle de chirurgie élaborée dans un petit hôpital. Personne n’est contre la centralisation, pas plus que personne n’est contre la vertu. La centralisation est là pour rester, mais dans les cas où, par consensus social, il y a une nécessité absolue. 

6.    Un service est viable dans un hôpital s’il peut être donné sans que le personnel attitré ne perde du temps entre les visites de patients. Donc, plus la population est nombreuse dans une localité, plus le service peut être donné sans que le personnel se tourne les pouces entre les visites. Mais, les petits hôpitaux ont inventé une «formule magique» dans un tel cas : une infirmière rend un éventail de services au lieu d’un seul service comme dans un hôpital régional. Qui a démontré qu’une infirmière spécialisée est plus économique qu’une infirmière généraliste?

7.    Depuis des lunes, la région fait des pieds et des mains pour expliquer qu’il ne s’agit pas d’une banlieue abritant une population homogène en bordure d’une ville, un dortoir, mais d’un territoire où l’on trouve des industries lourdes, un éventail de commerces, une panoplie d’institutions et des conditions de vie propres aux accidents. La population est hétérogène à maints égards. Cette constatation est cruciale pour justifier un statut particulier pour l’HDSJSQ (Hôtel-Dieu-Saint-Joseph-de-Saint-Quentin).

8.    À cause de cette hétérogénéité de la région, il est nécessaire de maintenir un ensemble de services de base intouchables. Ainsi, Madame Nicole St-Pierre-Somers, mairesse de Saint-Quentin, parle d’un statut particulier. Je me souviens bien de deux autres citoyens qui parlaient dans les mêmes termes il y a trois décennies, le Dr. Bernard Savoie &  le juge Louis A. Lebel. Force est de réaliser que nos gouvernements ont la tête dure et pas à peu près non plus.

9.    Un statut particulier pour l’HDSJSQ ne signifie pas que les hôpitaux régionaux seront amputés d’un service centralisé. Je mets au défi le ministre de la Santé de faire cette équation. Par exemple, l’hôpital régional d’Edmundston n’a pas perdu son service d’oncologie parce qu’il en existe déjà un à Grand-Sault et un autre à Saint-Quentin. Je mets aussi au défi le ministre de démontrer que ce service dans les trois hôpitaux occasionne des coûts exhorbitants et qu’il y a une nécessité urgente de centralisation pour éviter des dépenses inutiles et extravagantes.

10. Puisqu’on a maintenu dans les hôpitaux anglophones des services qu’on a jugés bon d’éliminer dans les hôpitaux francophones, le ministère de la Santé s’est tiré dans le pied. En maintenant des services dans des petits hôpitaux anglophones, mêmes près d’un grand  hôpital régional, il avoue que cette stratégie est économiquement et socialement viable. Donc, ce qui est bon pour pitou devrait être bon pour minou, n’est-ce pas? À moins qu’il y ait deux classes de citoyens au NB.

11. La centralisation appliquée depuis belle lurette est basée sur la densité de la population. Fredericton, par exemple, a droit à tous les genres de services imaginables parce que le nombre d’habitants le permet. Cette formule magique ne s’applique pas aux communautés rurales, cependant. À l’inverse, une communauté rurale ne peut bénéficier des mêmes services qu’une ville. Entre les deux extrêmes, il y a place pour un concept intermédiaire basé sur la nécessité de services essentiels pour répondre plus adéquatement aux besoins de santé. C’est ici qu’on rencontre un noeud dur...

12. Que doit comprendre la définition opérationnelle dite de «services essentiels» qui mène irrémédiablement vers l’idée d’un statut particulier dans le cas de l’HDSJSQ? Certes, avant de couler dans le béton une telle définition, plusieurs facteurs devront être pris en considération, dont la densité de la population. Mais, d’autres facteurs méritent une attention particulière dont la distance à parcourir pour se rendre à l’hôpital régional ainsi que l’hétérogénéité de la population. Et il y en a plusieurs autres...

13. Ce statut particulier ne peut se négocier entre la région de Saint-Quentin-Kedgwick en faisant fie des hôpitaux régionaux. Tiens, c’est nouveau ça! Une table ronde avec les deux hôpitaux d’Edmundston & Campbellton me semble nécessaire pour parvenir à un contrat social équitable et approprié pour ces trois partenaires. Soyons réalistes, il existe UNE INTERDÉPENDANCE ENTRE CES TROIS INSTITUTIONS. L’HDSJSQ ne peut se limiter à négocier en catimini une entente avec VitalitéNB qui offenserait ses partenaires et nuirait à la fluidité actuelle de leurs relations.

14. Enfin, la solution qui sera apportée devra être permanente nonobstant le parti politique au pouvoir. Les bonbons distribués en période électorale pour calmer les esprits échaudés, il faut s’en méfier.

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